++ Les rythmes éternels bercent Marrakech
Le Matin (Quotidien Marocain)
04-07-2004
02/07/2004 | 15h56
C'est ce soir que sera donné le coup d'envoi de la 39e édition du Festival national des arts populaires de Marrakech (FNAP).
Une édition qui promet beaucoup d'innovations et qui est, comme le précise Fathia Bennis, directeur général de l'ONMT, non seulement «une invitation au voyage à Marrakech, mais aussi un plongeon direct au plus profond de l'âme traditionnelle marocaine, là où réside la magie et, toute poésie d'où le spectateur sort, comme envoûté, l'oreille encore pleine des échos et l'œil encore émerveillé de la beauté ravissante du site, des jeux de lumière, des couleurs chatoyantes, des costumes et parures, des mouvements rythmés, étonnantes figures de danseurs et danseuses qui se succèdent dans une diversité d'un contraste saisissant…»
Créé en 1959, le FNAP avait eu son heure de gloire.
Il avait réussi au cours des premières décennies à attirer des visiteurs étrangers en mal d'exotisme et de folklore. Le revers de la médaille, cependant, existait. Le folklore présenté était vidé de toute sa substance et ne reflétait plus la richesse et la complexité des danses et chants des diverses régions du Royaume. La sauvegarde de l'un des plus vieux festivals du Maroc devenait une urgence. La pause marquée par cet évènement était tout à fait justifiée puisqu'elle a permis de mettre sur pied une nouvelle conception qui mise sur la valorisation du patrimoine à travers ses différentes composantes.
Les dernières années avaient, en effet, permis de redéfinir le concept, d'insuffler une nouvelle âme à un rendez-vous qui avait tendance à vider le folklore marocain de toute sa substance. La sauvegarde a été rondement menée. Aujourd'hui, cette manifestation artistique, musicale et culturelle populaire, a renoué avec tous les ingrédients qui en assurent, désormais, la notoriété et le succès.
Les dernières éditions se sont fixées, pour but, de sortir le folklore marocain du statut figé et sclérosé et de transformer les arts populaires en de véritables produits culturels, car comme le souligne M. Knidri, président du comité du Festival, il est «impérieux que ceux qui animent les villages et les campagnes du Maroc puissent vivre de leur art, puissent accéder à la propriété artistique et rencontrer d'autres artistes, pour communiquer, pour créer, ensemble et pour s'enrichir mutuellement».
Le souci d'insuffler une nouvelle âme à cette manifestation a été réussi puisque le Festival a pu s'entourer des conseils avisés, de la compétence et du savoir-faire d'un directeur artistique et d'un metteur en scène qui est, de surcroît, chorégraphe. Le comité du festival a également veillé à la «délocalisation» des spectacles. Longtemps lié au mythique Palais Bdii, les différentes représentations vont investir d'autres lieux. Ainsi, tous les spectacles dédiés au patrimoine et au folklore marocain auront pour écrin le cadre magique de la Ménara. Le choix de cet espace n'est pas fortuit.
Il épouse parfaitement la nouvelle conception qui prévaut au sein du comité d'organisation de cet événement, à savoir la valorisation du patrimoine national. Aussi, pour cette trente neuvième édition, les spectateurs disposeront d'une sorte d'amphithéâtre installé au-dessus du bassin de la Ménara avec un écran d'eau géant où seront projetées des images du spectacle. Ainsi, tous les soirs, à partir de 21h30 heures, ce prestigieux lieu vibrera aux sons des rythmes éternels. Les troupes folkloriques traditionnelles marocaines, qui ont convergé vers la célèbre cité ocre en provenance de toutes les régions du Royaume, vont présenter des chants et des danses ancestraux. Ils seront invités, tout au long de cette semaine à dévoiler un patrimoine séculaire pour le plus grand bonheur des locaux, des visiteurs et des touristes, avides d'authenticité.
Toutes les autres formes d'expression nationales auront un espace approprié pour aller à la rencontre de leur public. Le palais Bahia accueillera des soirées thématiques, s'articulant autour des musiques andalouses, du Malhoun, des mouachahates et autres mawawils. Le Théâtre Royal proposera, pour sa part, au public, une programmation régionale et internationale d'une bonne facture puisqu'au cours de ces soirées, les spectateurs pourront apprécier des représentations communes entre des troupes internationales et une région du Royaume.
Cette fusion entre le patrimoine national et les représentants de diverses cultures sera réalisée avec six troupes venues de l'étranger. A côté du Sénégal, invité d'honneur de cette édition et qui sera représenté par les frères Guissé, les Touré Kunda et la troupe nationale de Dakar, les spectateurs pourront applaudir les prestations de la troupe «Guang Zhou» de Chine, «Ghazal Al Mahalla» de l'Egypte, «Show man» de la Côte d'Ivoire, «Sewaryé de Lille et Ahmed Al Mahalla» de l'Egypte, «Sewaryé de Lille et Ahmed Boussou du Maroc, le groupe Flamenco «Tito Losada» de Madrid, le groupe The Peace Project» des Etats-Unis et la troupe «Jwo and the Rythms of Rai» de la Hollande.
La place Harti s'ouvrira, de son côté, aux jeunes troupes marocaines et étrangères, tandis que la célèbre Place Jamâa Lafna se prêtera aux échanges musicaux entre artistes de la place, artistes marocains et étrangers.
Ces dix journées de fête, de convivialité et d'ouverture du Maroc sur les autres cultures, se clôtureront en apothéose, le 10 juillet, avec un spectacle haut en couleurs, animé par une des plus célèbres troupes africaines, les Touré Kunda.
Les spectacles de bonne facture, les représentations qui entraîneront toute la ville dans une fête continuelle et cette harmonieuse fusion entre des cultures venues d'ici et d'ailleurs reflètent cette volonté de repositionner le FNAP parmi les produits vendeurs de la cité ocre, un produit qui participe, intelligemment, à l'animation de Marrakech en lui conférant une image rayonnante. Celle d'une cité qui se présente comme la gardienne des coutumes et traditions .
Khadija Alaoui
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