++ Tanger: Appel à manifestation d’intérêt pour le Palais Tazi

· Le cahier des charges fin prêt
· L’ouverture des plis se fera le 1er juillet prochain

UNE nouvelle étape est franchie dans l’aménagement du Palais Tazi. L’appel à manifestation d’intérêt pour l’aménagement du palais et la propriété qui l’entoure a été lancé cette semaine par le Centre régional d’invetissement (CRI) de Tanger-Tétouan et la direction des Domaines, propriétaire des murs. La voie de l’appel d’offres a été choisie car le mode d’acquisition du palais par l’Etat est particulier. Après le décès du Mandoub, propriétaire de la bâtisse, il laissa plusieurs héritiers dont l’Etat. Ce dernier s’est vu attribuer les parts par voie de préemption, ce qui l’oblige à le céder légalement par voie d’appel d’offres. L’idée de base est d’en faire un établissement touristique hors norme, une sorte de maison d’hôtes haut standing (cf www.leconomiste.com). “Nous voulons privilégier le meilleur projet et le meilleur professionnel”, note Mohamed Yacoubi, directeur du CRI de Tanger-Tétouan. C’est pour cela que les critères de sélection du projet présenté et de l’investisseur sont notés sur 85, alors que le prix de cession proposé, lui, est noté sur 15.
Le lieu en impose par sa majesté, le palais se trouvant en bordure d’un immense jardin de près de 3 hectares et demi. La bâtisse se compose d’un rez-de-chaussée et de deux étages avec une surface de base de plus de 1.340 mètres carrés. En prime, elle dispose d’une cave d’une superficie comparable. Le bâtiment est doté d’une vue imprenable sur la montagne et sur la ville de Tanger.
L’exigence principale du cahier des charges est la mise en place d’une exploitation touristique haut standing imposée par le réaménagement du palais et son jardin. La condition est de ne défigurer ni le cadre bâti ni le jardin. Une piscine ou une pergola, des prises au sol légères seront permises, mais pas de constructions dans jardin qui doit rester intact. La structure interne de la bâtisse, surtout au niveau du rez-de-chaussée, se prête en effet à la mise en place de grands halls de réception. Le pari étant d’aménager les niveaux supérieurs et d’exploiter le jardin sans y toucher. Ce qui ne semble pas très compliqué, vu que les étages se décomposent en chambres le long d’un corridor. La possibilité de grouper des chambres en démolissant un ou plusieurs murs est prévue, et ce afin de pouvoir aménager des suites plus spacieuses. Le dernier délai pour le dépôt des offres est le 30 juin prochain, l’ouverture des plis se fera le 1er juillet. A noter que déjà, une dizaine d’investisseurs potentiels ont montré leur intérêt pour la reprise du bâtiment et de son jardin.
L’édifice dont l’architecture est d’inspiration mauresque menace ruine, et il s’agit d’entamer les travaux dans les plus brefs délais. Le cahier des charges précise bien que le bâtiment devra être conforme à la loi 61-00, qui régit les établissements touristiques. “Tanger est l’une des premières villes à exiger cette condition lors de la cession des terrains publics pour des projets touristiques”, tient à préciser Yacoubi. Et ce afin d’éviter tout dérapage dans l’interprétation de l’utilisation touristique du bâtiment et de son jardin, les antécédents sont nombreux à Tanger, une ville où le foncier fait défaut. Le palais, actuellement propriété du domaine privé de l’Etat, n’avait pas été achevé à l’époque, la guerre en Europe ayant empêché la poursuite de la construction. Beaucoup de mythes et de légendes entourent en effet le bâtiment. L’édifice, qui domine le jardin et la colline qui le surplombe, a été construit, selon la tradition populaire par des forçats. Ces derniers auraient aplati une partie de la colline et creusé les caves spacieuses dont il dispose.
La façade qui donne sur la rue est d’un style particulièrement austère, alors qu’un véritable travail d’orfèvrerie, selon les règles mauresques, a été effectué pour la façade interne qui donne sur le jardin. Le but est d’éviter d’afficher tout signe ostentatoire face à une population rongée par la misère d’entre-deux guerres. Selon un ancien de la ville, alors que le Mendoub donnait une fête avec tout le luxe de l’époque, les habitants agacés avaient allumé un feu. Le vent aidant, la fumée obligea les invités à déserter le jardin.

De notre correspondant,
Ali ABJIOU